Un grand rôle dans Le Juif errant, de Luitz Morat, en 1926: l'abominable Rodin, caricature de la visqueuse canaille imaginée par Eugène Sue ; par ce film qu'il interprétait sans craindre les outrances, Fournez Goffart eut son heure de célébrité. Plus tard, comme il incarnait pour Dreyer un des juges de Jeanne d'Arc, le chanoine Alespée, Mon Ciné (5 janvier 1928) lui consacra une interview où le lecteur découvrait que Fournez Goffart (prénom non précisé) n'était pas un débutant : il avait commencé par jouer longtemps sur les scènes du Boulevard, avec tournées en France et ailleurs. L'acteur disait avoir interprété pendant trois ans avec Jasset « un nombre incalculable de films », ne se souvenant que d'un titre, La Caisse au gendre, où il campait « un domestique assez pittoresque » mais aussi, pour le même Jasset, les Zigomar. Fournez Goffart citait encore la série comique Willy, et les Saint-Lolo que dirigeait Fescourt. Survint la guerre. Après sa démobilisation, le comédien eut du mal à travailler, se fit chansonnier (au Grillon, au Perchoir, au Coucou) puis devint « sous-chef de la figuration » à la Comédie-Française où le remarqua par hasard Luitz Morat venu à la recherche d'interprètes pour les deux adolescentes du Juif errant, Blanche et Rose. Lorsqu'il réapparut en Rodin, Fournez Goffart était donc un vieil habitué des studios, mais oublié. Interrogé par Mon Ciné, il se déclarait féru de métaphysique et lecteur d'Épictète, de Leibniz. Après avoir jugé Jeanne d'Arc, Fournez-Goffart ne se montrerait plus à l'écran qu'en bizarre médecin de La Maison Usher. Ce fut son dernier signe de vie.